Les Açores - Gibraltar - Ibiza
Traversée Les Açores – Gibraltar
Le 20 juin 2011
notre périple aux Açores est terminé
On fait le plein d'eau, de gasoil (175 litres)
vers 11h on quitte la marina de Ponta Delgada, dans la nuit a été construite une barre d'immeuble dans le port !
les nuages s'accrochent sur São Miguel.
on suit la côte quelques heures
On est poursuivis par le monstre :
Nous sommes à la latitude du sud du Portugal. Nous avons un peu moins de 1000 milles à faire, environ 9 jours. Le vent est faible, alternance de moteur et de voile, parfois avec appui moteur. On cherche le vent, on tire des bords.
Le 23 juin on est au centre de l'anticyclone (1025 hp), absence totale de vent. Mer d'huile. le bateau est matérialisé par le rond rouge au bout de la trace depuis les Açores. Les triangles de couleur représentent des bateaux (AIS), pour la plus part des cargos, et le trafic densifié prés des côtes portuguaises
Mer d'huile
Les conditions générales auront été plutôt tranquilles.
En doublant le Cap St-Vincent, pointe extrême sud du Portugal, on subit quand même un effet de cap avec brusquement 25 noeuds de vent. Lorsqu'on arrive à l'abri de la côte sud du Portugal, le vent devient à nouveau modéré à faible. Dans la nuit, la brise venue de la terre apporte un air tout à coup plus doux et chargé d'odeur de garrigue, de fleurs d'immortelles, d'odeur mêlées, plus jamais depuis le départ je n'avais ressenti ces odeurs. Pour la première fois sensation d'être en été.
Autant la mer était désertée par le gros navires entre les Antilles et les Açores, autant le trafic sera dense progressivement jusqu'aux rails de cargos du Cap St-Vincent et du détroit de Gibraltar.
Le nombre d' « AIS » (Automatic Identification System) devient massif dans ces régions.
On croise les rails montant et descendant du Cap St-Vincent, puis on longe le rail du détroit de Gibraltar. C'est une veille attentive et permanente, la nuit ce sont des lumières partout, des cargos, une plateforme pétrolière.
La traversée a été animée de petits et gros évènements :
un oiseau migrateur en plein océan qui tourne longuement autour de Caiperinha, des ailes courtes, des battements rapides, pas l'allure d'un de ces oiseaux de mer d'envergure planant immobiles avec une habileté incroyable au ras des vagues dans la mer agitée, puis il se pose manifestement fatigué et repartira chassé par nos manoeuvres.
On croise 2 tortues. Plusieurs fois des bancs de dauphins joueurs, des jeunes exécutant des sauts incroyables.
La pêche va nous faire quelques repas avec, à 30 mn d'intervalle, 2 petits thons de 20 cm et 2 kg chacun.
Le 21 vers 18h 30, comportement anormal du moteur tribord, sifflement d'alarme : le moteur est sous 20 cm d'eau ! Et c'est à ce moment que le vent va se lever : 23 nds, on réduit les voiles. le diagnostique est fait : double fuite, l'une au niveau d'une durite percée au niveau d'un collier, l'autre joint de la pompe à eau de mer défectueux.
Réparation, vidange de l'huile moteur et pompage de l'eau de mer.
Le mardi 28 dans l'après-midi, le temps est calme, on voit se densifier le trafic sur notre tribord,
des navires de toutes sortes nous croisent, nous dépassent,
parfois de près,
parfois fantomatiques dans la brume,
au crépuscule ou à l'aube
mais il ya aussi des navires de guerre qui croisent à bonne allure, à la radio il s'agit de manoeuvres des forces de l'Otan. Les navires militaires n'ont pas d'AIS, il est préférable de ne pas s'en approcher, leur route est parfois erratique et imprévisible, et si l'on est trop prés on est vite rappelés à l'ordre à la VHF.
Le mercredi 29 je suis de quart aux premières lueurs du jour vers 5h 30, mer d'huile à l'approche du détroit, temps doux (22° à cette heure),
sur notre droite le rail des cargos à quelques milles avec leurs feux et leurs lumières, rien sur notre route, on a croisé une plateforme pétrolière un moment avant.
Le disque rouge du soleil se dégage doucement de derrière les collines avant Tarifa,
tous les dégradés de couleurs du rosé tendre à l'orange, rouge puis jaune, pas un nuage dans le ciel. La mer se colore en reflet du ciel.
On glisse.
La VHF est très active depuis la veille, appels et dialogues incessants, jour et nuit, dominés par la régulation de l'émetteur de « Tarifa Traffic ».
dans la matinée nous longeons la côte espagnole entre Tarifa et Gibraltar.
On laisse à tribord le djebel Musa, une des 2 colonnes d'Hercule,
tandis que l'autre, le Rocher de Gibraltar se dessine dans la brume, sur bâbord avant.
Le trafic est intense à l'approche de la baie de Gibraltar, les bâtiments qui circulent sur le rail du détroit, ceux qui entrent ou qui sortent de la rade avec leur bateau pilote
et les navettes ultra-rapides qui traversent tout cela du nord au sud reliant Gibraltar à la côte marocaine nous secouant par leur sillage,
les mastodontes au mouillage.
On contourne la bouée jaune pour entrer dans la marina.
Et on se trouve dans le prolongement de la piste d’atterrissage proche
enclavée dans la ville, la marina, débordant sur la rade.
Arrêt avant toute chose au poste de carburant. Puis le capitaine de la marina nous place tout près de la ville et à quelques mètres des commerces et restaurants-bars.
Je suis à nouveau sur le continent européen, plus de 9 mois après le départ de Tanger le 15 septembre dernier.
Il est 11h 30 le mercredi 29 juin.
Nous avons projeté de rester jusqu'à demain après-midi.
Nous sommes en territoire britannique. Fish and chips obligatoire, of course. Séance laverie du linge, douches, etc. en somme tout ce qu'il faut pour redevenir rapidement terrien, même si le « mal de terre » nous perturbe encore quelques heures.
Il fait chaud, 32°.
Balade dans les rues jusqu'au pied du téléphérique, fermé à cette heure
et dans le jardin botanique.
Et une nuit sans quart, complète.
Jeudi 30
Très tôt le matin, avant la chaleur, on fait la vidanges des 2 moteurs (toutes les 150 heures de fonctionnement) et les changements de filtres d'huile et de gasoil.
On avait prévu de prendre le téléphérique qui grimpe au point de vue au sommet du rocher et qui permet d'aller voir les célèbres singes. Mais le vent souffle fort sur le détroit ce matin (force 8 Beaufort annoncé) et le téléphérique est à l'arrêt.
On se promène en ville et visite un atelier de verrerie.
Après la préparation au départ, plein d'eau, formalités à la capitainerie,
on quitte le quai sous le soleil, le vent bien calmé.
Slalom entre les cargos et pétroliers, au fond les chantiers, Algesiras.
et un navire cablier, magnifique superstructures et enchevêtrements métalliques, très "graphique"
on contourne le Rocher dont le sommet reste sous un nuage traîné par le vent d'est.
Ce que nous avions pris un instant pour le phare est en réalité le minaret d'une mosquée, prés du vrai phare
Et c'est parti pour la Méditerranée, pas de vent, au moteur pour des jours.
Vendredi 1er juillet on est dans la mer d'Alboran, on navigue à moins de 80 milles des côtes algériennes.
On a vraiment retrouvé les températures d'été avec 23° à 4h du matin. Dans la matinée bricolage sur une poulie de premier ris dont la manille a cassé. Vers midi un grand banc de dauphin vient jouer et nous accompagner à l'étrave. Dans l'après-midi on met le bateau à la cape pour la baignade. On voit passer non loin plusieurs globicéphales.
Beau temps ciel bleu, il fait 29°. A 22h encore 25° : douce soirée d'été.
Samedi, journée marquée par quelques heures de navigation à la voile sous gennaker, quelques heures sans le bruit du moteur !
Dimanche 3 juillet à 3h 30, début du quart, on vient de doubler le cap Palos au niveau de Cartagène.
Légère brume qui masque les feux de la côte, mais on voit passer les lumières des cargos tous proches. Trop peu de vent pour les voiles.
les premières lueurs du jour vers 5h 45. Dans la matinée petits travaux de bricolage: nettoyage des filtres à gasoil, et transvasement de bidons de gasoil dans le réservoir; on fait beaucoup de moteur et ce sera encore moteur toute la journée.
ciel couvert, vent de face. Exemple de repas ce soir: purée, ratatouille, chorizo, et ananas en boite.
en fin de journée entre 20 et 22h, le vent se lève, rafales jusqu'à 23 - 24 nds de vent réel, mais très instable, du 60° au 90°, puis accalmies et reprises, il tourne au 170°.
Lundi 4 juillet je suis de quart vers 5h 30, les premières lueurs du jours, le vent s'installe régulier au 150-160°, sommes dans le bon cap
sous voiles, tout sorti, on marche à # 4,3 Nds en moyenne.
On voit le phare de Formentera à droite, les lumières d'Ibiza devant. Bientôt les 2 phares de la passe entre Formentera et Ibiza.
on est dans la passe,
d'un coup la circulation s'intensifie avec les navettes rapides qui se croisent d'une île à l'autre, des voiliers, des barques de pêcheurs. Et d'un coup on voir surgir par notre tribord arrière, qui nous dépasse de près un navire incroyable,
sorte de yatch de James Bond. le "A" dessiné par le designer Philippe Starck, avec sa passerelle en bec de dauphin, oeuvre d'art qui glisse au soleil levant; il appartient à un milliardaire russe: Andrei Melnichenko.
coque en acier il a une capacité de brise-glace.
la presse locale relate l'évènement.
on traverse le port en navette, travelling sur les bateaux, la ville basse, le fort
on déhambule à pied dans les petites rues et escaliers qui montent au fort et à l'église
superbe vue sur le port depuis la forteresse
on passe sans transition du côté village au
côté marina avec des yatchs tous plus luxueux, plus "design" les uns que les autres.
retour sur l'aire de mouillage de Caiperinha dans la baie de Talamanca
Caiperinha au mouillage
et départ à la nuit pour Majorque.