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  • Histoire d'une croisière en voilier de Tanger à Afua (Brésil), passant par Madère, Dakhla (Maroc), Dakar, Le Cap Vert, Salvador de Bahia, l'Amazone Belem, Manaus jusqu'à Afua. Retour par les Antilles, les Açores et Gibraltar jusqu'à Sète.
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11 juin 2011

Traversée Le Marin - Les Açores


Lundi 16 mai

15 heures Nous quittons le port du Marin.

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Philippe a fait les formalités à la douane et à la police du port. C'est partit pour la grande traversée vers les Açores. Prévue pour durer 3 semaines.

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10 noeuds de vent d'est. Nous contournons le rocher du Diamant pour remonter la côte ouest, sous le vent de la Martinique.

P1180541 vers Fort de France

Bientôt la nuit et un superbe clair de lune.

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à 20 h nous passons au large de Fort de France, au loin la Montagne Pelée.

Mardi 17 mai

le rythme des quarts est mis en place : de 22h à 1h du matin Philippe est de quart, puis Christine jusqu'à 3h 30, je prends la suite de 3h 30 à 6h 30.

passons sous le vent de La Dominique. Dans le canal qui sépare les îles, petites rafales à 18 Nds de vent et une mer formée.

Plus tard comme régulièrement on subit un gros grain, 22 Nds de vent, de la pluie. Il fait 31°.

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Vers midi nous arrivons dans l'archipel de Saintes, à quelques emcablures au sud de la Guadeloupe.

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P1180620 Les saintes

Impossible de ne pas s'arreter ici quelques heures, paysage de toute beauté.

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Mouillage sur la côte sud ouest de la petite île de Cabri.

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Exploration avec palmes, masque et tuba dans les rochers qui abritent quelques beaux poissons, dont un beau poisson-trompette jaune et une murène qui se faufile.

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Vers 17h on lève l'ancre. Coucher de soleil superbe à travers un ciel de grain.

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On contourne Cabri par l'est pour suivre le sud de la Guadeloupe vers sa côte ouest sous le vent.

P1180692 La Guadeloupe

P1180703 ville de Basse-Terre au clair de lune

Magnifique vue de la ville de Basse-Terre au clair de lune.

Mercredi 18 mai

route vers Antigua, dernière escale.

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On laisse à babord l'île volcanique de Monserrat et son chapeau nuageux.

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On a prévu d'y faire les derniers pleins de carburant.

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On arrive vers 9h du matin dans la baie très fermée qui protège la marina de Falmouth.

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Mouillage au milieu de la baie et débarquement en annexe.

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Déjà le nom de Falmouth nous avait envoyé un avant-goût de Commonwealth, mais la découverte de ce petit port nous met carrément dans l'atmosphère des îles anglo-normandes ou de la Cornouaille.

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Charme désuet entretenu, habitations de grosses pierres, toits en bardeaux brillants sous le soleil,

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tout est net, très « Yatch-Club britannique ».

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à côté des maisons de bois surélevées, à la peinture impeccable.

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Formalités de « clearance » comme dans chaque port, à la police et la douane. Passage dans 4 bureaux successifs ! Avec chacun son formulaire et son coup de tampon. Grande amabilité.

Jeudi 19 mai

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Après une dernière descente à terre,

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derniers avitaillements dont une bouteille de champagne pour fêter en route l'anniversaire de Philippe, départ du mouillage à 14h sous un gros grain avec forte pluie.

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on gagne la côte ouest plus abritée pour filer vers le nord et l'Océan pour 3 semaines.

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On voit au loin à l'ouest l'île volcanique de Monserrat avec toujours un chapeau de nuages,

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plus au nord on devine le rocher de Redonda et plus au nord encore l'île de St-Kitts.

Vers 20h 30 on est à l'ouest de l'île toute plate de Barbuda et des ses lumières, petite île d'accès difficile, dangereux, protégée par une barrière de corail, refuge de vacances de célébrités en désir de tranquilité. Barbuda fait partie de l'ensemble indépendant Antigua – Barbuda.

Vendredi 20 mai

Toute terre a disparu. Pour quelques jours nous sommes encore dans la zone tropicale avec ses grains incessants, la pluie, les rafales de vent.

Les jours vont se succéder bien réglés par les quarts, les manoeuvres pour adapter à chaque modification du vent ou de la mer, la préparation des repas, le temps de loisir :

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lecture, un peu de de scabble, d'échec. Le temps va s'étirer, différent, répétiton des jours sans monotonie. Beaucoup de contemplation de la mer, des ciels. On tente de pêcher.

On ne verra aucun bateau avant les derniers jours de navigation. Seuls des AIS et un pêcheur distingué dans la nuit.

Il y aura quelques problèmes à régler : une fuite d'eau dans les cales dont l'origine sera trouvée après plusieurs jours de recherche de Philippe qui connait son bateau comme sa poche. Le traitement du gasoil infecté de bactéries par le gasoil brésilien de Afua probablement. Elles se développent avec la chaleur des tropiques et le refroidissement progressif de la température aidera à l'éradication. Mais il faudra à maintes reprises nettoyer les pré-filtres, traiter avec un antibiotique spécifique et même ajouter un peu d'alcool à brûler dans le réservoir.

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Philippe imagine un système de filtration de tout le réservoir de gasoil par un circuit fermé, qu'on surnomera « la dialyse ». 

Toutes ces manipulations se font dans ou près des moteurs, à fond de cale avec le houle marquée et les vagues, l'odeur du gasoil. Contrairement à mes craintes j'ai participé activement à tout cela sans le moindre mal de mer. Les moteurs sont directement sous les couchettes arrière, seulement séparés par un contreplaqué.

Nous remontons droit vers le nord et en quelques jours la température change. Dès le 21 mai, pour la première fois depuis bien longtemps il me faut une couverture pour la nuit.

Le 31 mai nous avions tous remis pantalon et polaire dans la journée. Avec le vent la température ressentie est plus basse que la température mesurée.

L'humidité est partout avec des degrés varaibles mais souvent 80% d'humidité, impossibilité de faire sécher réellement même au soleil.Les vêtements, les serviettes, les duvets, tout est humide.

Très vite on récupère la houle de l'Atlantique, longue, lente, mais parfois très haute sur laquelle le bateau chevauche comme dans un lent galop. Après la latitude des Bermudes nous arrivons dans le secteur appelé des « horses latitudes », le bien nommé.

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Mais parfois le vent renforcé amène une houle croisée qui nous chahute violemment. Nous ferons toute la navigation des 15 premiers jours au près avec cette mer. Difficulté à se déplacer, comme ivres. Mais le confort du catamaran est réel : on prendre les repas à table avec des verres qui restent quand même bien à plat.

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Et ne nous empêche pas de soigner la présentation ! On finit par se faire à cet inconfort, sauf dans la cabine avant ou le sommeil est parfois impossible, tant le catamaran tape dans les vagues associées à des bruits d'explosion sur la coque.

Il y a eu des jours et des jours de temps comme cela avec ciel gris, mer agitée, vent souvent à 20 - 25 noeuds, maxi à 30 noeuds. On cherche chaque jour, avec les fichiers météo obtenus par iridium (communication satellitaire), par la météo transmise avec des conseils par un « routeur » à terre, d’attraper les vents ouest-est qui soufflent au sud des dépressions de l'Atlantique nord. Plus facile à imaginer qu'à faire.

 

Ce n'est pas vraiment une journée type, mais voici le journal de la journée du :

Lundi 6 juin

3h 30, prise du quart de nuit, (je viens relever Christine qui assure le quart de 1h à 3h 30) tout est calme, la mer est belle, le ciel étoilé, il fait 19°. Vent trop faible on est au moteur à 5,3 – 5,5 noeuds (environ 10 km/h)avec un petit courant contraire.

Pas de navire dans les environs à « l'AIS » (systême de transmission, non obligatoire sur les petits bateaux, de la présence et de la position d'un bateau qui s'affiche à l'écran sur la carte avec celle de notre propre bateau), mais 2 bateaux de pêche sans AIS visibles à l'oeil nu, dont un assez près qui nous croise très lentement traînant un chalut, on distingue sur l'arrière les feux de ponts de l'espace de travail. L'autre n'est qu'un feu au loin. Ces bateaux sans AIS demande de la vigilance. On est encore à environ 700 km du port de Horta.

5h 30 Le vent remonte à 9 – 10 noeuds, essai de voile. Les premières lueurs du jours apparaissent diffuses : on entre dans du brouillard pour la première fois depuis le départ de septembre dernier, 80% d'humidité. Sortir quelques minutes dans le vent de la vitesse du bateau suffit à mouiller les vêtements, je dois enfiler mon ciré complet pour me mettre dehors à la barre en surveillance : la visibilité ne dépasse pas 100 mètres par moment, le brouillard évolue par nappes. La crainte est bien sûr de voir surgir un bateau de pêche non détecté car sans AIS. Mise en marche intermittente du radar (consommateur d'énergie).

6h 30 Fin de mon quart. Philippe vient prendre le relais. J'ai préparé le petit déjeuner que nous prenons à 2, Christine qui a pris son quart jusqu'à 3h 30 dort encore. Le petit déjeuner au petit matin , quelque soit le temps, est toujours un moment magique qui marque la sortie du « trou noir »de la nuit, du silence, de l'isolement, de la crainte parfois ( brouillard la nuit), et souvent l'apparition du soleil encore rasant. Aujourd'hui le soleil se montre voilé à travers le brouillard et est surtout marqué par son reflet argenté sur l'eau,

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c'est le moment superbe où la lumière du soleil passe le « verre dépoli » du brouillard. Au dessus des lambeaux de ciel bleuté apparaissent par intermittence. Le vent est faible mais suffisant pour porter les voiles, il a tourné : il est à 130° de l'axe du bateau, c'est-à-dire plutôt derrière nous, au portant. À cette allure le bateau donne l'impression de glisser, la houle toujours présente longue et haute est absorbée avec douceur, mollement.

À 7h 15 Je vais dormir un peu. De retour à 9h, on est vent arrière avec un petit vent de 7 noeuds, on marche à 4,5 – 5 noeuds de vitesse :

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Philippe et Christine ont installé 2 voiles d'avant en « papillon » : le génois d'un côté et le gennaker de l'autre, la grande voile est affalée. On va maintenir cette allure toute la journée jusqu'au coucher du soleil, le vent ne changera pas vraiment en direction.

Le brouillard a disparu et fait place à un ciel bleu par moment un peu voilé, la température change des jours précédents et semble douce, 22° : on a l'impression d'une matinée de printemps à la sortie d'un long hiver.

La matinée se passe tranquillement, nous sommes chacun plongé dans une lecture, la grande porte-fenêtre est ouverte, le soleil, le bateau est calme, l'air est doux. On est hors du temps et de l'espace.

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En fin de matinée, 12h 30, c'est l'heure de l'apéro ! On se partage une bierre, Philippe met une ambiance musicale sur la mini-chaine du bord : Paolo Conté, Eddy Mitchel, Pine Top Perkins : encore un de ces moments fabuleux, indescriptibles, ici au milieu de rien du tout.

C'est le moment de discussion pour le repas de midi, les légumes sont terminés après 16 jours de mer, plus de fruits après la dernière pomme qu'on va se partager, le dernier concombre est parti hier. Restent les boites de toutes sortes, le riz, pâtes et, résistants, des oignons, des citrons verts.

P1180902 repas lyophilisée

ça nous est même arrivé de goûter aux sachets lyophilisés... mais c'est un peu la gastronomie de survie !!

Aujourd'hui ce seront des oeufs au plat (les derniers), des petits pois aux oignons avec de la viande des Grisons et … la pomme partagée en 3.

Chacun son tour, petite période de sieste. Le régime des quarts qui perturbe beaucoup les premiers jours est maintenant bien ancré dans notre horloge biologique, mais il persiste un besoin de sommeil fractionné dans la journée.

Aprés-midi calme, avec cette météo très peu de manoeuvres. Aujourd'hui chacun est absorbé par sa lecture, je termine « la fille de papier » de Guillaume Musso qui me change de l'austérité des «Tristes Tropiques ». Prévoyants nous étions allés à la librairie du Marin acheter quelques provisions pour la route, et la libraire nous avait bien conseillé avec un choix éclectique.

À 16 h envoi du mail quotidien par iridium à ceux restés à terre, qui tente de résumer en 3 lignes les 24 dernières heures, aujourd'hui Martine, l'épouse de Philippe, qui doit nous rejoindre dans quelques jours à Horta, demande par mail si elle peut apporter certaines choses dont nous aurions besoin. Vers 17h besoin de lever le nez des romans ; Tea-time (depuis qu'il fait moins chaud) avec sortie de la provision de tablettes de chocolat de toutes sorte (avec orange, éclats de noisettes, caramel, etc) c'est le moment de gourmandise de la journée (bien préparé au moment de l'approvisionnement = très important pour le moral de l'équipage), le break avec sujet de discussion tous azymuth.

À 18h on est toujours sous le même gréement, mer belle, 7 noeuds de vent arrière, on avance lentement à 3,3 noeuds. Température agréable à 24° ( bien appréciée après cette période de jours froids où le thermomètre est descendu à 17°, avec le vent sensation bien plus froide). Le ciel légèrement nuageux va nous offrir encore un de ses couchers de soleil dont on ne se lasse pas et qui nous laisse en extase quelques dizaines de minutes les jours favorables. Il est 19h et quelques dauphins viennent ondoyer et sauter à l'étrave pendant un court instant.

Mais toujours pas de pêche ! Très surpris par ce « désert » de vie depuis le départ d'Antigua alors que d'habitude la ligne rapportait sa prise chaque jour. Nous n'avons vu que des dauphins après plus de 10 jours de mer et

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des oiseaux de grand large (puffins, et de superbes phaetons) qui viennent souvent en fin de matinée et en fin d'après-midi tournoyer et pêcher autour du bateau,

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et deux exocets, poisson volant, dont un de 15 – 20 cm et un tout petit  ont été retrouvés dans le cockpit au petit matin.

Avec ce train de sénateur, on prévoit de n'arriver que vendredi à Horta. Mais ce type de journée calme laisse l'impression que le temps s'est arreté, pas d'horizon, pas de bruits de la vie, on pourrait vivre comme cela ...admirer les levers et couchers de soleil, toutes les nuances de la mer et lire une bibliothèque. Mais à part les manoeuvres on manque un peu d'exercice, la plupart du temps assis. Certains jours je rêve de marche, de monter une côte, de me dépenser... et d'une bonne douche.

 

Le personnage principal pendant ces 3 semaines c'est la nature. C'est l'Océan, c'est le ciel.

Le 19 mai les 3 coups sont frappés, le spectacle va commencer. 

Au départ, mélange d'inquiétude et d'exaltation de l'inconnu.

Quand disparaît la dernière terre, pour des semaines, on a l'impression d'entrer dans un domaine privé. L'Océan qui nous réserve on ne sait quoi, des coups, des caresses, des récompenses. On part à la confrontation avec un brin d'inquiétude et d'envie, d'exaltation mêlés.

Plus aucune nouvelle, hors du monde. Seul avec les pensées, les admirations, les étonnements, les frayeurs.

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Lorsque le bateau est secoué, ballotté, avec des bruits d'écoutes qui claquent,

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des grincements de la coque qui joue, les éclatements comme des coups de feu des vagues sur la coque.

Le bruit de la mer, la mer est bruyante, un fond sonore permanent. Lorsqu'on est au près, les remous du sillage comme un bruit de torrent.

L'Océan a son caractère, ses humeurs, ses engourdissements du petit matin au soleil froid,

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ses énervements sous le vent des dépressions. Ondulations paresseuses de la longue houle. Ses agitations inquiétantes dans la nuit noire.

Immensité, nudité, des semaines sans voir autre chose que la mer, le ciel et les nuages. Infinité, liseré net de 360° entre ciel et mer. «  la mer, la mer toujours recommencée »(Valery), « l'immensité immense de la mer immense »(Pessoa).

renaissance tous les matins, perte de la notion du temps sans impatience. 

Les ciels

les ciels beaux, bleus, réchauffants et rassurants mais fades. Les ciels tourmentés, déchirés, torturés avec des grains,

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morceaux d'enfer qui cotoyent un reste de bleu idylique.

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"Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces" dans le lointain.

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Toutes les teintes du gris bleuté au gris noir, du velouté aux stries de pluie, masses noires inquiétantes, menaçantes qui nous recouvre, nous avalent, nous englobent et vers lesquelles on file irrémédiablement, sans échappatoire.

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On a presqu'envie de fermer les yeux en attendant le déluge, l'enfer et la tourmente promis par la vision.

Et parfois tout se délite en chemin, le grain menaçant devant lequel on réduit la voilure disparaît et se dissout. Parfois de rien naît tout à coup un nuage qui noircit, se gonfle et nous envoie rafale de vent et averse.

Dans la nuit qu'on croit noire, ily a parfois plus noir encore, les masses des grains.

 

Toujours stupéfaits devant les couchers de soleil.

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Les couchers de soleil, incendies qui embrasent tout l'horizon et enflamment les nuages,

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et rosissent la mer

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en même temps que le soleil s'y reflète en stries rouges.

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Chaque nuage est rougeoyant, rosissant, orangé, modelé par les reflets chacun avec sa forme et ses reliefs. Des liserés oranges sur les bords de nuages gris clair. 

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Les moutonnements flamboyants,

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les filaments, les éclatements,

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les tourbillons.

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La teinte change à chaque instant du déclin du soleil qui lâche un peu plus de la saturation de son feu.

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Plus haut encore du bleu qui s'assombrit. « Des lichens de soleil et des morves d'azur »(Rimbaud).


C'est l'heure de la tranquillité, de l'apéro, de la réunion, de la conversation.

Lorsque la nuit arrive les lumières intérieures du carré s'éteignent et le bateau s'enfonce dans le noir, dans le vide, dans le pari du chemin libre, comme si on fonçait les yeus fermés. 

Lorsque le ciel est dégagé, l'air limpide et que la lune si éclatante presqu'au zénith qu'elle illumine le bateau avec des ombres portées sur les voiles, la mer est sculptée dans le reflet et là c'est un peu la fête de prendre le quart.

Nuit après nuit la lune se rétrécit, s'amenuise, se croissantise en même temps que son parcours s'effondre sur l'horizon et devient plus bref, sorte de décadence. Et fait place en quelques jours à une nuit étoilée vivante de constellations mythologiques où on essaie de poser des noms de personnages, de construire les figures qui se déplacent tout au long de la nuit pour faire place à d'autres puis à d'autres. À la lumière d'une torche on reprend sur le livre la description que l'on va retrouver après quelques instants de réadaptation au noir.

 

Parfois on attend avec impatience la première lueur de l'aube

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Les levers de soleil, plus crus, vifs, qui blanchissent les nuages, vrai teinte du réveil, sans vraie chaleur des couleurs, mais de la vivacité, de l'éclat.

Toujours différents, variant à chaque instant, éphémères

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la mer métallique agitée mais lissée par le vent et moulée par la lumière du soleil qui traverse les nuages gris et noirs des grains, comme un argent ciselé.

la mer agitée avec la longue houle des « horse latitudes » contrariée par la houle du vent. Les crêtes déferlent, la houle arrive comme un mur lent aussi haut que le bateau, lentement soulevé, sorte de galop lent.

Éclatements d'eau à l'étrave du bateau.

 

 

 

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Commentaires
R
Que c'est beau ! quelles magnifiques images...!<br /> le retour sur le plancher des vaches ?????<br /> Bises à bientôt
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